Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
77
UTER ET YGIERNE.

sot. Il prist congié à Ygierne et la baisa, voiant cels qui furent à son départir.

« Ensi chevauchierent à une riviere, et là Merlins les fist laver, si r’orent lor veraie semblance. »

Il s’agissait maintenant de voir comment le roi donnerait satisfaction aux hommes de Tintagel. Car la mort du duc était un châtiment plus grave que son départ de la cour ne le méritait. Ce point, très-longuement traité dans le roman, fait connaître les usages et les procédés de la féodalité au commencement du douzième siècle.

Ulfin commence par assembler les barons du roi, pour leur demander comment Uter « doit amender cette honte à la dame et à ses amis. » Les barons, qui ne savent pas ce qui avait pu justifier la retraite du duc de Tintagel, ne devinent pas non plus quel genre de satisfaction pourrait exiger la duchesse Ygierne. « Vous êtes l’ami du roi, « disent-ils à Ulfin, « éclairez-nous, dites-nous ce que nous devons conseiller. — Je dirais au roi, répond Ulfin, ce que je vous dirais à vous-mêmes. Il faut ôter tout sujet de plainte et de querelle entre les barons, la dame et le roi. Je voudrais que le roi mandât devant Tintagel tous les amis du duc, et que, là, il offrit à la dame une satisfaction que nul ne put raisonnablement refu-