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MERLIN.

mentez mie ; dites-moi comment vos avés celle espée eue, car se vos me mentiriez, je le sauroie bien, et je ne vos ameroie jamais. Et Keus respond com cil qui ot grant honte : Sire, certes, je ne vous mentirai ja ; Artus mes freres la m’aporta, quant je li demandai la moie ; ce ne sai-je coment il l’ot. Antor respont : Baillez-la moi, biaus dous fils, que vous n’i avez nul droit. Et quand il la tient, si garde derrier soi et vit Artu qui les sivoit. Lors l’apela : Biaus fils, ça venez, et me dites coment vos avez ceste espée. Artus li conte et li preudons li dist : Tenez l’espée, si la remétés là où vous la préistes. Cil la prent, et la renclume, et ele pe tint aussi bien com ele avoit onques fait. Et Antor comanda à Keu son fil que il i essaiast ; cil i essaia, si ne pot. Lors, s’en ala Antor au mostier, et les apela ambedeus et dist à Keu son fils : Je savoie bien que vos n’aviés pas l’espée ostée. »

Autor prit alors le jeune Artus entre ses bras : « Écoutez-moi, beau sire, » lui dit-il, si je venais à vous faire élire roi, quel avantage m’en reviendrait-il ? — Tous les avantages que je pourrais avoir moi-même sont les vôtres, cher père. — Sire, respont Antor, je ne suis que votre père de nourriture, et je ne sais pas qui vous engendra. » Artus se mit