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la reine aux grandes douleurs.

eut à répondre à tant d’ennemis qu’il ne put protéger ses grands vassaux du continent. Les deux royaumes de Gannes et Benoïc, d’abord réunis sous le sceptre du roi Lancelot, avaient été partagés entre les deux fils de ce prince. Claudas profita de l’éloignement des Bretons insulaires pour réclamer une secondè fois l’appui des Gaulois et des Romains. Il rentra dans la Déserte, envahit les terres de Benoïc, et saisit peu à peu toutes les bonnes villes du roi Ban. Il offrait bien de les rendre à la condition d’en recevoir l’hommage mais, pour rien au monde, Ban n’eût manqué à la foi qu’il devait au roi Artus.

Il ne restait plus au roi de Benoïc que le château de Trebes, qui, par l’avantage de sa situation entre une rivière et de fortes murailles, défiait tous les assauts : toutefois il n’était pas à l’abri de la disette ou de la trahison. Ban y avait conduit la reine Hélène et leur fils, le petit Lancelot. Claudas arriva bientôt devant les barrières ; tout moyen de sortir et de communiquer avec le dehors fut enlevé aux assiégés. Ban était décidé à mourir plutôt que de céder aux conditions de Claudas ; mais il prenait en pitié les souffrances de la reine et de ses chevaliers. Claudas ne cessait de lui représenter que rien ne le mettrait à l’abri de la faim ; qu’Artus ne viendrait pas à son aide ; que son