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lancelot du lac.

Alors on appelle l’évêque, et, d’une voix claire, Lambègue découvre tout ce qui pouvait lui peser sur la conscience. Puis il demande ses armes. « Quel besoin en avez-vous ? lui dit Pharien ; ne vaudrait-il pas mieux réclamer merci ? — À Dieu ne plaise que je réclame merci de celui qui ne l’aurait pas de moi ! J’irai vers lui, non comme un ribaud devant son baron, mais comme chevalier, le heaume lacé, l’écu au cou, l’épée au poing que je lui rendrai. Ne craignez rien de moi, bel oncle ; je n’entends ni le frapper, ni l’empêcher de me frapper. »

Dès qu’il est revêtu de ses armes, il monte et les recommande à Dieu en s’éloignant, d’un visage calme et serein. Il est bientôt arrivé devant le pavillon de Claudas. Le roi de Bourges, qui connaissait son cœur indomptable, s’était lui-même armé, et l’attendait au milieu de ses barons. Lambègue approche, regarde Claudas et ne dit pas un mot ; il tire lentement son épée du fourreau, soupire profondément et la jette aux pieds de Claudas. Il détache ensuite son heaume, son écu tout bosselé, et les laisse aller à terre. Le roi relève l’épée, la regarde et la hausse comme pour la faire retomber sur la tête de Lambègue. Tous ceux qui le voient frémissent ; Lambègue seul reste insensible ; il ne fait pas un geste, il ne donne pas le moindre signe d’émotion. « Qu’on lui ôte son haubert et ses chausses de fer ! »