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l’adoubement.

soupçonne déjà quelque peu la cause ; mais, pour le mettre plus à l’aise, elle se lève et sans trop penser elle-même à ce qu’elle dit : « Ce jouvenceau, fait-elle, semble assez pauvre de sens, ou du moins peut-on croire qu’il a été mal enseigné. — Dame, reprend messire Yvain, qui sait s’il ne lui a pas été défendu de dire son nom ? — Cela peut être après tout, » dit la reine ; et elle passe dans ses chambres.

À l’heure de vêpres, messire Yvain conduisit le valet chez elle ; ils descendirent ensemble au jardin qui s’étendait jusqu’au rivage de la mer : il fallait passer pour y aller dans la grande salle où gisait le chevalier navré. Dans le jardin ils retrouvèrent le roi, les barons et ceux qui devaient être adoubés le lendemain.

En remontant, il fallut encore traverser la grande salle. Des plaies du chevalier navré s’exhalait une telle puanteur que tous, en approchant, couvraient leur nez du pan de leurs manteaux, et se hâtaient de passer outre. « Pourquoi dit le valet, ceux-là qui sont avant nous couvrent-ils leur nez ? — C’est, dit Yvain, pour un chevalier durement navré dont les plaies répandent une odeur infecte. » Et il conte comment ce chevalier était venu réclamer ce qu’on ne pouvait guère lui accorder. — « Je le verrais volontiers, dit le valet ; approchons.

— « Sire, lui dit le valet, qui vous a si dure-