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lancelot du lac.

cun d’eux et remit à ceindre les épées au retour de l’église.

Mais, après la messe, le valet, au lieu de suivre le roi comme les autres, se rendit dans la grande salle et dit au chevalier navré : « Je suis prêt à faire le serment que vous demandez, et à tenter de vous déferrer. » Sans même attendre la réponse, il ouvre une fenêtre, tend sa main vers l’église, et jure, sous les yeux du chevalier, qu’il le vengera de tous ceux qui diront mieux aimer celui qui l’a navré. « Beau sire, dit le navré transporté de joie, soyez le bienvenu ! vous pouvez me déferrer. » Le valet alors met la main sur l’épée enfoncée dans la tête du chevalier et l’en arrache sans effort ; il se prend ensuite aux tronçons qu’il enlève avec la même facilité.

Un écuyer court aussitôt dans la chambre où le roi commençait à ceindre les épées aux nouveaux chevaliers ; il conte à messire Yvain comment le navré se trouve déferré. Messire Yvain tout hors de lui arrive dans la grande salle au moment où le navré s’écriait : « Ah ! beau chevalier, Dieu te fasse prud’homme ! — Comment, dit messire Yvain, est-il vrai que vous l’ayez déferré ? — Sans doute ; pouvais-je ne pas compatir à qui devait tant souffrir ? — Vous n’avez pas fait que sage, reprend messire Yvain, et personne ne vous en louera. Vous ne savez en-