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le blanc chevalier.

la poitrine de celui qui le portait, et le fit sauter rudement par-dessus la croupe de son cheval. Mais son glaive éclate comme il le voulait tirer à lui ; et, tandis que le chevalier abattu se relève à graud’peine, le Blanc chevalier se rapproche de Keu : « Prenez ma place, messire Keu, et laissez-moi la vôtre. » Keu ne répond pas et soutient comme il peut le combat commencé. Le Blanc chevalier revient à celui qu’il avait désarçonné, l’épée en main, l’écu sur la tête : il ménage ses coups pour ne pas vaincre le premier. Cependant il gagnait du terrain, et ceux qui le suivaient des yeux voyaient bien qu’il ne tenait qu’à lui d’en finir. Une seconde fois il retourne à messire Keu, comme il se relevait furieux d’avoir été jeté à terre : « Cédez-moi, criait-il, votre place et prenez la mienne. » — Honteux de l’offre, Keu répondait « Restez où vous êtes, je n’ai pas besoin d’aide. » Le Blanc chevalier n’en tardait pas moins, et volontairement, à réduire son adversaire à merci. Enfin le roi de Northumberland, témoin du double combat, se hâta de prévenir la défaite inévitable de ses champions en demandant la paix. Il jura de ne plus rien réclamer de la dame de Nohan, et retourna dans ses terres avec tous les hommes d’armes qu’il avait amenés.

Ainsi délivré des réclamations de son puissant ennemi, la dame de Nohan rendit grâce aux