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les deux géants.

C’est là ce que je montrerai volontiers. » Le chevalier s’éloigne un peu, va prendre son écu et sa lance, et pique vers le prisonnier de Dagonnet qui le reçoit comme il convient, et le fait sauter par-dessus les arçons. Puis, arrêtant au frein le cheval, il le présente au vaincu : « Reprenez-le, dit-il. J’ai mieux à faire que de vous l’enlever. — Non, il n’en sera pas ainsi ; vous m’avez abattu, mais vous n’aurez pas le même avantage à l’escrime. — Vous le voulez ? Voyons donc. » Il descend à son tour, met en avant l’écu, tire son épée et attend le chevalier. Les coups retentissent sur les écus et les heaumes ; le prisonnier de Dagonnet gagne du terrain, pousse et fait reculer l’autre, qui, reconnaissant qu’il n’est pas de force, dit : « Je vous rends les armes ; vous pouvez venir où je vous conduirai ; le chemin ne sera pas long. — J’irai volontiers. » Ils remontent tous deux et chevauchent, suivis de près par messire Yvain car ce qu’il avait déjà vu lui donnait envie d’en voir la suite.

Après avoir cheminé quelque temps, le chevalier vaincu dit : « Nous sommes ici près de la demeure de deux géants. Personne n’ose les aborder, s’il ne veut se déclarer ennemi du roi Artus et de la reine Genièvre. Voici le sentier qui conduit à eux ; allez-y, si vous voulez. »

Le prisonnier de Dagonnet ne répond pas, mais