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les assemblées de galore.

vers lui : « Sire, reprenez votre écu, il sera bien employé avec vous. » Le Bon chevalier laissa, sans daigner regarder, repasser l’écu à son cou ; et cependant, la grande bataille du Roi-premier conquis, voyant le danger de leur seigneur, passait tout entière sur l’autre rive. Les premiers arrivés payèrent cher leur impatience : puis avancèrent les batailles du roi Artus, et la mêlée devint générale. Cette fois, l’avantage ne demeura pas aux plus nombreux, grâce aux surprenantes prouesses du Chevalier vermeil, qui rompait lances, abattait chevaux et cavaliers, tranchait têtes, bras et poitrines. La fin du jour put seule mettre un terme au carnage. Les gens du Roi-premier conquis s’éloignèrent en assez mauvais ordre, et ceux du roi Artus donnèrent au Chevalier vermeil tout l’honneur de la journée. Mais il avait disparu, et personne ne put dire ce qu’il était devenu.

Galehaut apprit du Roi-premier conquis que le roi Artus avait engagé tout ce qu’il avait amené d’hommes d’armes, et que la victoire des Bretons était due à la prouesse incomparable d’un seul chevalier. Le lendemain, il envoya au camp des Bretons le Roi des cent chevaliers et le Roi-premier conquis. Artus les reçut avec grand honneur : « Sire, dit le premier, Galehaut, le seigneur des Îles lointaines, nous envoie vers vous : il s’étonne d’avoir vu un si petit