Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 3.djvu/229

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
223
la dame de malehaut.

leure part à la victoire. En entendant cela, la dame regarda en dessous une cousine germaine à laquelle elle laissait le soin de sa maison, et sitôt qu’elle put lui parler sans témoins : « Belle cousine, dit-elle, ne serait-ce pas notre chevalier ? Je voudrais bien m’en assurer. S’il a tant combattu, on devra s’en apercevoir à ses armes et à ses meurtrissures. — Tenez-vous tant à le savoir ? fit la cousine. — Plus que je ne pourrais dire ; mais faites en sorte de n’en laisser rien deviner à personne. »

La cousine trouve alors moyen d’éloigner de la maison tous ceux qui la gardaient et, prenant plein son poing de chandelles[1], elles descendent à l’étable et voient le cheval de Lancelot couvert de plaies à la tête, au cou, aux jambes, étendu près de la mangeoire à laquelle il n’avait pas touché. « Dieu vous sauve, bon cheval ! dit la dame de Malehaut, vous semblez appartenir à prud’homme. Qu’en pensez-vous, cousine ? — Oh je pense comme vous qu’il a eu plus de travail que de loisir ; mais ce n’est pas le cheval que votre prisonnier avait emmené. — Apparemment, reprend la dame, il en aura perdu plusieurs : allons voir ses armes ; nous pourrons juger si elles ont été bien em-

  1. Cette expression qui revient encore ici semble indiquer un faisceau de petits cierges qu’on tenait à la main.