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la dame de malehaut.

regardez, et vous verrez merveilles. » Ce disant, elle entre dans la geôle pendant que la cousine passait sa tête dans la porte et ne semblait pas avoir assez de ses yeux. La dame lui donne à tenir les chandelles, et avance en relevant un peu sa robe. « Mon Dieu ! que voulez-vous faire ? dit la cousine. — Je ne serai pas contente si je m’en vais sans l’avoir baisé. — Ah ! dame, qu’avez-vous dit ? Gardez-vous-en bien ; s’il venait à s’éveiller, il nous priserait moins, vous, moi et toutes les femmes. Ne soyez pas assez folle pour vous oublier ainsi. — Quelle honte peut-on craindre en se donnant à un tel prud’homme ? — Aucune peut-être, s’il le prend en gré mais, s’il refuse le don, la honte en sera doublée. Tel peut avoir toutes les beautés du corps qui n’aura pas les bontés du cœur ; et peut-être, au lieu de tenir à déduit votre bonne volonté, la regardera-t-il comme une hardiesse outrageuse et vilaine. Ainsi, par votre faute, aurez-vous perdu tout le fruit de votre service. »

Tant lui dit la jeune cousine qu’elle l’entraîne sans faire plus. Et dès qu’elles sont revenues à leurs chambres, elles ne parlent que du chevalier, bien que la cousine fît tout ce qu’elle pouvait pour en abattre les paroles ; car elle avait en soupçon que le cœur du prisonnier n’était plus à prendre. « Ce chevalier, dit-elle, pense