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lancelot du lac.

lier. La pucelle, pour mieux lui faire honneur, le coucha dans le propre lit de la dame, et attendit pour quitter son chevet qu’il fut endormi. Au matin, elle vint l’aider à revêtir les armes noires, puis le suivit longtemps des yeux.

Arrivé devant la rivière, à peu de distance du camp des Bretons, il s’arrêta, le bras appuyé sur son glaive, les yeux tournés vers la bretèche où se trouvaient messire Gauvain alité, un grand nombre de dames et la reine elle-même. Déjà les gens du roi Artus passaient le gué et se mesuraient à ceux de Galehaut ; sur les deux rives se multipliaient les combats, les rencontres corps à corps. Cependant le Noir chevalier demeurait immobile, les yeux toujours arrêtés sur la bretèche, comme s’il eût attendu un commandement. À son cheval, à ses armes noires, la dame de Malehaut n’eut pas de peine à le reconnaître mais, feignant de n’en rien savoir : « Dieu ! dit-elle quel peut être ce chevalier, qui n’aide et ne nuit à personne ? » Tous et toutes regardent, Gauvain demande s’il ne peut aussi le voir. — « Oh ! dit la dame de Malehaut, il est aisé d’approcher votre lit de la fenêtre. » Et quand Gauvain eut regardé : « Dame, dit-il à la reine, vous souvient-il l’autre jour d’un chevalier qui, à cette même place, ainsi appuyé, ne semblait pas vouloir combattre ? Il fut pourtant le vainqueur de l’assemblée ;