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lancelot du lac.

de vous ? — Belle amie, répond la reine, j’ai toute autre chose à penser, quand monseigneur le roi est en danger de perdre et sa terre et son honneur, quand je vois mon cher neveu en si mauvais point. Mandez-lui tout ce qu’il vous plaira : une de mes demoiselles sera votre messagère : mais, pour moi, je n’ai pas le cœur à ces fantaisies. » La dame de Malehaut accepte le service de la demoiselle, et Gauvain la fait accompagner d’un écuyer chargé d’offrir pour lui deux lances au Noir chevalier. « Vous lui direz, demoiselle, fait la dame de Malehaut, que toutes les dames et demoiselles de madame la reine le saluent en leur seul nom, et que, s’il aspire aux bonnes grâces de l’une d’entre elles ou de toutes ensemble, il fasse assez d’armes pour qu’on lui en sache gré. »

La pucelle et l’écuyer se rendent près du Noir chevalier, qui, entendant le nom de monseigneur Gauvain, demande où il se trouve. — « Sire, dans cette bretèche, avec bon nombre de dames et demoiselles. » Aussitôt il serre ses étriers, il allonge les jambes et semble grandir d’un demi-pied. En passant devant la bretèche, il lève un instant les yeux vers les loges, puis s’avance dans le champ. « Madame dit messire Gauvain à la reine, regardez ce chevalier ; quelqu’un a-t-il jamais mieux porté ses armes ? »