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lancelot du lac.

grande chose qu’un prud’homme ; et souvent ce que mille autres n’avaient pas fait, un seul le conduit à bonne fin. Mandez salut à ce chevalier ; conjurez-le de venir en aide au royaume de Logres et à monseigneur le roi ; et s’il aspire à mériter honneur et joie, qu’il fasse assez d’armes pour qu’on lui en sache gré, et pour que le roi ne laisse pas l’honneur de la journée à Galehaut. Je lui enverrai de mon côté dix glaives au fer tranchant, à la hampe grosse et roide j’y joindrai trois bons chevaux couverts de mes armes, et vous pourrez voir de merveilleuses prouesses.

« — Ce qu’il vous plaira, répond la reine ; je vous laisse toute liberté. » La dame de Malehaut écoutait et avait peine à contenir sa joie ; elle va connaître enfin ce qu’elle a tant cherché. La demoiselle qu’on avait chargée du premier message part avec six écuyers, conduisant trois des meilleurs chevaux de Gauvain et dix de ses plus fortes lances. Elle aborde le Noir chevalier qui, après l’avoir écoutée, lui demande où est la reine. — « Là, sire, à la même bretèche que monseigneur Gauvain. — Dites à ma dame qu’il sera fait ainsi qu’elle désire, et remerciez monseigneur Gauvain de sa grande courtoisie. » Cela dit, il confie les trois chevaux aux écuyers, saisit la plus forte lance et pique des éperons.

Nous ne voulons pas raconter ses innombra-