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la dame de malehaut.

je ne fasse pour mériter votre amitié. Vous l’avez ; quelle meilleure compagnie pourrais-je espérer jamais ? Mais sachez-le bien, une fois engagée, je n’entends plus me séparer de vous ; dès que j’aime, il n’est pas d’amitié aussi ferme que la mienne. — Nous serons donc ensemble, ma dame, toutes les fois et tant qu’il vous plaira. — Remettez-vous à moi du soin de bien établir notre intimité ; et, dès ce moment, apprenez le nom du chevalier que vous avez retenu et qui m’a donné sa foi ; c’est le fils du roi Ban de Benoïc, c’est Lancelot du Lac, le meilleur chevalier du monde. »

Tout en devisant ainsi, il fallut se mettre au lit. La reine voulut partager le sien avec la dame de Malehaut qui fut longtemps à s’en défendre, comme ne méritant pas un tel honneur. Ne demandez pas si elles parlèrent encore de ce qui leur tenait au cœur, avant de s’endormir. La reine demanda à son amie si elle avait déjà mis son amour en quelque lieu. « Non : je n’aimai qu’une seule fois, et ce fut seulement en pensée. » Elle entendait parler de Lancelot qu’elle avait un instant éperdument aimé. La reine se confirma alors dans son projet : mais elle n’en voulut rien dire avant de savoir dans quelle disposition se trouverait Galehaut.

Elles se levèrent au point du jour et se rendirent à la tente du roi pour faire bonne com-