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lancelot du lac.

de voir celui qui viendrait pour le lui apprendre. Le père, n’ayant pas d’autre enfant, ne voulut pas contraindre sa résolution : mais, après sa mort, le démon, instruit de tout, vint de nuit trouver la demoiselle, et lui murmura dans l’oreille quelques douces et flatteuses paroles : « Je suis, ajouta-t-il, un jeune étranger : je ne connais ici personne ; j’ai appris que vous ne vouliez pas voir celui que vous pourriez aimer ; je viens vous dire que j’avais pris une résolution pareille. » La demoiselle lui permit d’approcher, et reconnut qu’il était parfaitement taillé en chair et en os : car, bien que les démons soient de simples esprits et n’aient pas de formes corporelles, ils peuvent travailler l’air de façon à simuler la matière qui leur fait défaut. Ainsi fut trompée la demoiselle ; elle prit en grande affection l’inconnu qu’elle ne voyait pas, et ne lui refusa rien de ce qu’il voulut lui demander.

À cinq mois de là, elle sentit qu’elle avait conçu, et, quand le terme arriva, elle mit secrètement au monde un enfant qu’on appela Merlin, comme l’avait recommandé celui qui l’avait engendré. On ne le baptisa pas ; et il avait douze ans quand il fut conduit à la cour d’Uter-Pendragon, ainsi que le témoigne l’histoire de sa vie.

Après la mort du duc de Tintagel, quand