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hector, le nain et sa nièce.

juste si je deviendrais son homme lige ; mais Hector eût donné un de ses yeux pour se mesurer avec lui, et ma nièce, qu’effrayait les grands récits de la prouesse de Segurade, avait défendu à son ami de le défier, sans son exprès congé. Elle fit même ouvrer un écu noir goutté d’argent, qu’elle se réserva de garder, en lui recommandant de ne répondre à aucun défi avec un autre écu que celui-ci, lequel signifie douleur et larmes. Hector, de son côté, avait trop de confiance en sa prouesse, pour ne pas espérer de vaincre Segurade, s’il pouvait se rencontrer avec lui. Comme il était dans ces pensées, il lui arriva de songer qu’il était venu tout armé au pin de la fontaine où je le trouvai ce matin : que là devait se rendre Segurade, après y avoir convoqué une grande assemblée. Il en était ravi de joie, mais quand en levant les yeux vers les branches de l’arbre, il apercevait une nuée semée de petites étoiles sans clarté, il en ressentait une grande tristesse et, cependant, il emportait le prix de l’assemblée. Hector alla raconter ce qu’il avait rêvé à son amie ; elle lui soutint que tout songe était mensonge, et que le vainqueur de Segurade n’était pas encore né. — Cela, pensa-t-il, j’espère le savoir bientôt. Il se leva donc le lendemain au point du jour, comme j’étais déjà au moutier ; car tu sauras que je