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lancelot du lac.

laisse le cheval de combat. La dame était déjà hors de la ville, entourée, pressée par la foule qui voulait suivre les deux combattants d’aussi près que possible. « Ma dame, » lui disait assez bas le sénéchal, « nous avons été peu courtois, en ne priant pas votre chevalier de nous apprendre son nom. — Vous dites vrai ; et je vais le lui demander avant qu’il ne lace le heaume. » Messire Gauvain devina leur intention : il vint à eux avant de toucher à la borne qui marquait la place du combat, et pria la dame de lui accorder un don qui ne lui coûterait rien. « Quand il m’en coûterait tout au monde, je vous l’accorderais. — Eh bien ! dame, veuillez ne pas vous enquérir de mon nom, d’ici à quelques jours. — Hélas ! c’est là justement ce que j’allais faire ; mais, puisque vous le voulez, je m’en défendrai. »

Alors trois hommes parurent : deux étaient couverts d’une chape à pluie, le troisième était entièrement armé, la ventaille abattue, les gantelets détachés, la cotte d’armes bandée d’or et d’azur. Il était grand et bien formé, les jambes longues et droites, les flancs grêles, les épaules larges, les poings carrés, la tête grosse et les cheveux noirs entremêlés de gris. C’était Segurade : il fendit la foule, s’approcha de la dame de Roestoc, et d’une voix haute : « Dame, nous sommes au dernier terme, et je pense que