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lancelot du lac.

le pont et le fourreau[1] jetaient un vif éclat. Gauvain la salue courtoisement : « Sire chevalier, répond-elle sans le regarder, Dieu vous sauve également, si vous l’avez mérité. — Mérité demoiselle, et comment ? « — Dame ou demoiselle doit-elle le salut aux chevaliers qui n’auraient jamais donné conseil ou porté secours aux dames ? — Demoiselle, en ce cas, je ne perdrai pas votre salut : j’ai pu maintes fois leur venir en aide. — Dieu vous donne alors bonne aventure ! » Et elle presse le pas de son cheval, sans ajouter un mot. « Pourquoi tant vous hâter, demoiselle ? fait messire Gauvain. — Parce que j’ai beaucoup à faire et n’ai pas de temps à perdre. Je suis à la recherche des deux meilleurs chevaliers qui soient au monde je ne pense pas que vous soyez l’un d’eux. Si pourtant vous tenez à savoir le nom de ces preux, ayez le courage de me suivre. — Eh bien ! je vous suivrai. »

Il chevauche derrière elle dans un étroit sentier qui les conduit dans la forêt, puis devant un tertre hérissé de rochers : au milieu s’élevait une tour, et la tour tenait à une grande et belle maison ceinte de murs. « Entrons, dit la demoiselle, on vous apprendra avant de sortir d’ici les noms que vous désirez savoir. » Elle frappe

  1. On sait que, par pont, il faut toujours entendre le pommeau de l’épée.