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guérison d’agravain.

bre où le jeune valet pleurait et s’arrachait les cheveux. Quand l’enfant le voit arriver il n’en pleure que davantage : « Comment ! petit vaurien, dit Agravain, êtes-vous affligé de me savoir guéri ? — Je ne pense pas à vous ; mais au dommage qui nous arrive, plus grand que le profit de votre santé. Ici près, monseigneur Gauvain se meurt. — Est-il possible ? » Et le bonheur d’Agravain se change en deuil. Cependant la demoiselle apprenait le bon effet de l’onction ; elle accourt, voit son ami pâmé de douleur, le prend dans ses bras. « Qui donc a tué mon frère Gauvain ? dit Agravain, ouvrant les yeux. — Votre frère Gauvain ! Serait-il ici ? — Oui, dit l’enfant, je l’ai vu. — J’avais donc bien deviné qu’il lui serait donné, comme au plus preux des preux, de vous guérir. Mais consolez-vous, ses plaies ne sont pas mortelles. — Veuillez, dit Agravain, me conduire à lui. » Les valets approchent pour le soutenir ; il refuse leur aide, il n’en a plus besoin. En le voyant, messire Gauvain reconnut bien le chevalier du lit, non son frère, tant la souffrance l’avait amaigri, décoloré. « Sire frère, dit Agravain, soyez mille fois le bien venu ! je vous dois ma guérison. » Gauvain se lève à demi et l’embrasse ; puis il veut savoir comment il avait été si cruellement blessé. « Je ne dois pas, dit Agravain, vous le cacher, à vous qui m’avez guéri.