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la dame rogneuse.

de force ! — Soit, répondit-elle ; mais un an ne passera pas sans que ta jambe ne devienne plus puante et plus rogneuse que la mienne. Voilà, sire frère, les deux femmes qui m’ont ainsi maltraité. — Et qui, reprit messire Gauvain, l’ont fait justement. La honteuse tache dans un chevalier que l’orgueil et la violence ! »

Agravain était en effet le plus orgueilleux, le plus violent des chevaliers ; et la leçon qu’il avait reçue ne le rendit pas, dans la suite, moins présomptueux ni plus sage[1].

« Il me reste à savoir, reprit messire Gauvain, pourquoi tant de gens armés voulaient me défendre l’entrée de cette maison. — Ces gens, dit Agravain, sont tous vassaux de la demoiselle mon amie. Quand le roi son père eut dessein de la marier, il la mit en possession de la terre qu’il lui devait céder, en ordonnant aux chevaliers de cette terre de faire hommage à leur nouvelle dame. Comme je devais attendre ma guérison des deux plus preux chevaliers du

  1. L’histoire de la rencontre d’Agravain avec les deux dames dont il avait blessé les amis, est plus longuement racontée dans la partie inédite de l’Artus, msc. 337, fo 255. — Voyez dans le livre d’Artus (Rom. de la Table ronde, t. II, p. 283) la conversation des quatre fils de Loth, et l’allusion faite à l’aventure qu’on vient de lire.