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lancelot du lac.

toc, de laquelle la reine réclame un don : – « Ma dame, » répond-elle, comme si elle devinait l’intention de la reine, « vous savez que je ne puis rester, si cette demoiselle tient à retourner. — Eh bien, reprend la reine, je lui demanderai aussi un don. » La demoiselle fait semblant d’hésiter, puis l’accorde. « Voilà donc votre foi engagée, toutes les deux. Écoutez ce que je demande : dame de Roestoc, vous pardonnerez au nain Groadain ; vous lui rendrez vos bonnes grâces. Vous, demoiselle, vous prierez Hector votre ami d’entreprendre la quête du chevalier vainqueur de Segurade. N’ai-je pas trouvé moyen de satisfaire à ce que chacune de vous désirait ? »

La nièce de Groadain ne put entendre la reine sans pâlir et sans une sorte de rage qui lui ôta pour un moment la parole. Quant à la dame de Roestoc, elle se contente de dire qu’après s’être engagée elle ne pouvait refuser la reine. — « À Dieu ne plaise que je m’y accorde jamais ! » s’écrie enfin la demoiselle. « Madame la reine, il y a moins de bien en vous que je ne pensais. Bel honneur vraiment de tromper une pauvre demoiselle étrangère ! — J’ai pourtant fait, répond la reine, ce que toutes deux vous désiriez ? Au reste, si vous ne craignez pas de vous parjurer, c’est que vous êtes bien la nièce de Groadain. — Vous croyez m’adoucir en parlant ainsi,