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lancelot du lac.

cependant s’empêcher de compatir à sa peine. Elle va la retrouver avec la dame de Malehaut et lui témoigne toute l’amitié, tout le bon vouloir du monde, sans qu’elle en paraisse touchée. « Mais vous, » dit la reine à la dame de Roestoc, en passant dans une chambre voisine, « il faut que vous aimiez bien ce chevalier, pour tant désirer de le revoir. — Oui, madame jamais je n’ai éprouvé pour un autre ce que j’éprouve pour lui. Dès que je l’ai vu, je sentis entrer dans mon cœur un amour qui s’est accru de jour en jour. Faites donc tant, madame, auprès d’Hector, si vous voulez que je vive, qu’il se mette en quête de mon chevalier. » En parlant ainsi elle tombe aux pieds de la reine, qui la relève toute pensive et fait appeler aussitôt la nièce de Groadain. — « Eh bien, lui dit-elle, êtes-vous revenue à de meilleures résolutions ? Aimerez-vous plutôt perdre votre terre et même votre franchise, que d’accorder ce que nous vous demandons ? — Si Hector, répond-elle, veut fournir cette quête, il peut aller ; je ne lui en saurai bon ni mauvais gré. » Voilà Hector tout joyeux. « Mais, ajouta la demoiselle, s’il veut entreprendre la quête, il n’ira pas seul et j’entends le suivre. — Y pensez-vous, firent toutes les dames, et voulez-vous passer pour folle ? — Folle ou non, je le suivrai. — Songez que s’il arrivait un cas de