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lancelot du lac.

et le lui arrache en le faisant tomber lui-même sur les dents. Sans descendre de cheval, il jette au loin le heaume, et de son épée frappe le chevalier qui, le visage tout inondé de sang, essaye encore de se relever. « Avouez-vous vaincu, ou je vous tranche la tête. » L’autre était pâmé et ne pouvait répondre. Hector descend, abat la ventaille et allait lui donner le coup mortel, quand Marganor intervient, la tête nue, pour ne pas laisser douter de son intention : « Sire, dit-il, ne le tuez pas : je crie merci pour lui. » Mais le vaincu, revenant à lui, se soulevait et tentait de résister. « Assez ! lui dit Marganor, vous êtes outré ; j’ai demandé pour vous merci. — Je ne puis qu’obéir à mon seigneur. — Mais vous, » reprend Marganor en s’adressant à Hector, « vous me ferez droit pour avoir maltraité mes gens, quand la lutte devait être seulement entre vous deux. — C’est à vous de me faire droit ; car ces gens-là voulaient rendre mon retour impossible. — Vous n’en avez pas moins outre-passé nos conventions et je vous appelle de foi-mentie, prêt à le prouver de mon corps contre le vôtre. — Il n’est pas de cour où je ne m’en défende. — Et moi, où je ne vous accuse. — Eh bien ! qui nous empêche de vider tout de suite la querelle ? »

Pendant ce temps, le seigneur de l’Étroite marche s’était approché : « Hector, dit-il, si vous