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l’étroite marche.

demi couverte des lambeaux de son écu, il veut reprendre l’offensive : mais il est repoussé jusqu’à l’ouverture du ponceau. « Prends garde, Marganor, » dit Hector ; et il va se placer entre lui et la marge du ponceau : « Rends-toi ! — Non ! plutôt mourir. — Tu mourras donc. » Marganor recule encore ; le pied va lui manquer, quand Hector l’avertit une seconde fois du danger où il est de tomber dans la mare. Étonné de tant de générosité, Marganor se dit qu’il eût été moins courtois. Un nouveau coup sur sa tête le force à reculer d’un pied ; il tombe, il enfonce dans la fange jusqu’à la ceinture : « À Dieu ne plaise, dit alors Hector, qu’un si bon chevalier finisse d’une façon aussi honteuse ! » Il se baisse, le saisit par les mains et le tire à grande peine sur la chaussée. « Comment vous trouvez-vous ? lui dit-il. — Assez bien, Dieu merci, pour confesser que vous êtes le premier des preux. Voici mon épée, je vous crie merci. » Hector lui tend la main et le soutient jusqu’à la barbacane. On vient à leur rencontre, on les accueille avec des transports de joie. La fille du châtelain arrive, moins désireuse de voir Marganor que le vainqueur de Marganor. Elle délace elle-même le heaume d’Hector : « Bien soit venu le chevalier le plus digne d’être aimé de la meilleure ! dit-elle, en le baisant.

Rentrés au château, elle conduit Hector à sa