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lancelot du lac.

cheval auquel il resta cependant assez de vie pour me tirer de ce guet-apens. Un prud’homme que je rencontrai me donna celui-ci ; mais je l’ai si vivement éperonné pour arriver à temps, qu’il refuse maintenant d’avancer. Ainsi, j’ai vu mourir ceux qui m’accompagnaient sans les venger, et je ne serai pas demain à la cour du roi.

« — Mais, fait Lancelot, si vous aviez un bon cheval, pourriez-vous arriver à temps ? — Assurément, quand bien même je ferais à pied le dernier tiers de la route. — Vous ne serez donc pas honni, faute d’un cheval. »

Il descend, et donne au valet son bon roncin. Le valet consolé, ravi, monte et s’éloigne en prenant à peine le temps de remercier. Pour Lancelot, il replace le chevreuil sur la croupe de son nouveau cheval qu’il suit à pied, tenant le brachet en laisse.

Il n’avait pas fait grand chemin quand vient à passer un vavasseur sur un palefroi, la verge en main, et devant lui deux lévriers en laisse. C’était un homme déjà sur le retour d’âge ; aussi Lancelot s’empressa-t-il de le saluer. « Que Dieu, beau sire, vous maintienne et fasse croître ! répond le vavasseur ; qui êtes-vous ? — De ce pays. Mon enfant, vous êtes aussi beau que bien enseigné. Voulez-vous bien me dire d’où vous venez ? — De chasser, comme vous voyez ;