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les enfances.

reconnurent et lui firent fête. C’est qu’après avoir longtemps marqué parmi les bons chevaliers du siècle, il avait enfin laissé la gloire terrienne pour se consacrer au service de Dieu dans un ermitage, transformé en monastère de la règle de Saint-Augustin. Les dames le prièrent de partager leur repas ; mais il était, dit-il, trop matin ; car, suivant la règle de son ordre, il ne mangeait qu’une fois le jour.

« Cette noble dame, leur dit-il, m’a fait compassion et je remercie Dieu de m’offrir l’occasion de reconnaître ses anciennes bontés. Un jour d’Épiphanie, le roi Ban, Dieu ait son âme ! tenait grande cour. Il y eut belle distribution de robes aux chevaliers ; et il n’en restait plus à donner quand j’arrivai, la veille de la fête. La reine, m’ayant aperçu, dit qu’un prud’homme tel que je semblais ne devait pas être moins bien traité que les autres. Elle avait commandé pour elle un surcot de riche tissu de soie ; elle le fit ajuster à ma mesure et me le présenta, si bien que je fus le plus richement vêtu de l’assemblée. N’était-ce ce pas là grande courtoisie de sa part ? Aussi voudrai-je la servir de mon corps et de ma parole. Je me suis fait écouter plus d’une fois de grands princes, je veux aller encore parler à ceux qui peuvent servir la cause de son fils et, de ses neveux. C’est grande pitié de voir les