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lancelot du lac.

voyaient pas sans crainte ces beaux enfants en puissance du roi de la Déserte. Lionel avançait la tête haute, promenant fièrement sa vue de tous les côtés de la salle, comme jouvenceau de haut et noble parage.

Pour Claudas, il était assis sous un dais et sur un faudesteuil de grande richesse. Il portait la robe dans laquelle il avait été sacré roi de Bourges. Devant lui, sur un soc d’argent, brillait la couronne royale ; et, sur un autre soc en forme de candélabre, une épée claire et tranchante, un sceptre d’or garni de pierres précieuses.

Il fit bel accueil aux enfants du roi Bohor et parut surtout frappé du noble semblant de Lionel. Il lui fit signe d’approcher ; l’enfant s’avança près de l’épée et de la couronne. Le roi pour lui faire honneur tend sa coupe en l’invitant à la vider. Lionel ne paraît pas l’entendre : ses yeux ne se détournent pas de la belle épée luisante. « Heureux, pensait-il, qui pourrait donner un « coup de cette épée ! » Claudas suppose que la timidité l’empêche seule de prendre la coupe, et, dans le même instant, la demoiselle du lac qui s’était approchée des enfants presse, de ses mains les joues de Lionel : « Buvez, beau fils de roi, et comptez sur moi ! » Ce disant, elle ceint la tête des deux enfants d’un chapelet de fleurs odorantes, et passe à leur cou un fermail d’or garni de pierres précieuses. « Et maintenant,