Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 4.djvu/105

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
98
lancelot du lac.

touré de ses chevaliers. Elle était richement vêtue d’une cotte de soie ; le manteau fourré, le visage couvert, les cheveux roulés en une seule tresse. Trente chevaliers l’accompagnaient. Les barons s’écartèrent pour la laisser passer, persuadés que ce devait être une haute dame. Arrivée devant le roi, elle détacha le manteau qui la couvrait et le laissa tomber ; les gens qui la suivaient s’empressèrent de le relever. Puis elle abaissa la guimpe qui cachait son visage et tous ceux qui la regardèrent furent frappés de sa beauté. D’une voix haute et ferme elle dit :

« Dieu sauve le roi Artus et sa baronnie ! l’honneur et le droit de ma dame réservés. Sire, vous êtes le prud’homme par excellence ; mais j’en excepte un point. — Demoiselle, répond le roi, tel que je suis, Dieu donne bonne aventure et garde l’honneur de votre dame, si, comme je le pense, elle en est digne. Mais je vous saurais gré de m’apprendre ce qui m’empêche d’être un vrai prud’homme. Vous me direz ensuite quelle est votre dame et en quoi je puis avoir méfait envers elle. Jusqu’à présent je ne croyais pas avoir donné à dame ou demoiselle le droit de m’adresser un reproche.

« — J’aurais fait un voyage inutile, si je ne justifiais le blâme dont je vous ai chargé :