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lancelot du lac.

de plus en plus surpris et inquiet, envoie querir un autre clerc, et lui donne les lettres. Celui-ci les lit des yeux, puis soupire, fond en larmes, laisse tomber, le parchemin au giron du roi et se retire. En passant devant, la reine : « Ah ! s’écrie-t-il, quelles douloureuses nouvelles ! »

Voilà la reine tout aussi émue que le roi. Artus ne s’en tient pas là il envoie vers son chapelain, et quand il est arrivé : « Damp chapelain, dit-il, lisez ces lettres, et sur la foi que vous me devez, sur la messe que vous avez ce matin chantée, dites tout ce que vous y trouverez, sans en rien celer. » Le chapelain les prend, les parcourt, puis en pleurant : « Sire, serai-je obligé de les lire tout haut ? — Assurément. — Il m’en pèse de plonger dans le deuil toute votre cour. Et s’il vous plaisait, vous me dispenseriez de révéler ce qu’elles contiennent. — Non, non, c’est à vous qu’il appartient de le faire. » Le chapelain se remet un peu, et d’une voix claire, lit ce qui suit :

« La reine Genièvre, fille du roi Leodagan de Carmelide, salue le roi Artus et tous ses chevaliers et barons. Roi Artus, je me plains de toi d’abord, puis de toute ta baronnie. Tu as été envers moi aussi déloyal que je fus loyale envers toi. Tu n’es plus vraiment roi, car un