chevalier qui lui avait mis les lettres en main : « Le voici, dit-elle. Le roi regarde et juge de son grand âge par ses blancs cheveux, son visage pâle, ridé, labouré de plaies, sa longue barbe tombant sur la poitrine. D’ailleurs, il avait les bras longs et gros, les épaules larges, le reste du corps aussi bien conservé que tout autre homme dans la force de l’âge. « Ce chevalier, dit le roi, a trop vécu pour ne pas reculer devant un faux témoignage. — Vous en seriez encore mieux persuadé, Sire, dit la demoiselle, si vous le connaissiez aussi bien que moi ; mais il lui suffit que Dieu soit témoin de sa prouesse. Pour compléter ce que les lettres vous ont appris, ma dame se plaint d’avoir été trop longtemps méconnue : à peine étiez-vous roi de Bretagne que vous entendîtes parler du roi Leodagan, comme du meilleur des princes répandus dans les îles d’Occident, et de sa fille qu’on proclamait la plus belle de toutes les princesses. Vous dites alors que vous n’auriez pas de repos avant d’avoir jugé par vous-même et de la bonté du roi et de la beauté de sa fille. Vous êtes arrivé en Carmelide sous le déguisement d’un simple écuyer ; vous avez servi le roi, vous et votre compagnie, depuis Noël jusqu’à la Pentecôte. À cette dernière fête, vous avez tranché le pain à la Table ronde,
Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 4.djvu/110
Apparence