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songe de galehaut.

épreuve en punition du déshonneur qu’elle inflige au meilleur et au plus grand des princes. Je tenais à vous dire cela ; c’est pourquoi j’ai demandé que votre ami s’éloignât pour ne pas lui laisser entendre ce qui l’aurait couvert de honte et de douleur. Je vous sais d’ailleurs tellement preux et sensé que je ne crains pas que vous révéliez, soit à votre compagnon soit à la reine, ce que je vous apprends en ce moment. »

Galehaut dit : « Je vous sais gré de tout ce que vous m’avez appris, et j’ai grand deuil de ne pouvoir empêcher les malheurs d’arriver. Veuillez maintenant, maître, m’instruire de ce qui me touche en particulier. Quel est ce pont aux quarante-cinq planches qu’il me faut passer ? Les clercs disent bien qu’elles répondent à un an, à un mois, à une semaine ou un jour, mais sans dire auquel de ces quatre termes il faut se tenir. — Gardez-vous, dit maître Helie, de le demander : un de ces termes est celui de votre vie, et je ne crois pas qu’il y ait un seul homme du siècle, s’il savait précisément le jour de sa mort, qui pût à partir de là, ressentir la moindre joie, la moindre sérénité. Rien n’est comme la mort épouvantable ; mais puisqu’on redoute tant celle du corps, ne devrait-on pas, autant et plus, craindre celle de