LXIV.
alehaut, comme on vient de voir,
ne découvrit pas à son ami ce que
maître Helie lui avait révélé ; mais
il regrettait d’avoir été pour la première fois dépositaire d’un secret que Lancelot
ne devait pas partager.
Quand approcha le jour où les barons devaient s’assembler dans la cité de Sorehaut, il prit à part Lancelot : « Beau doux compain, lui dit-il, un sage maître m’a recommandé jadis de ne jamais parler à mon ami de ce qui pouvait l’affliger, quand le mal n’était pas de ceux que le conseil pût amoindrir. Si les révélations du sage Helie avaient été funestes pour votre avenir ou pour le mien, j’aurais bien agi en vous les cachant ; mais, hors ce cas, je ne dois rien faire ni penser sans vous en donner connaissance. Apprenez pourquoi j’ai convoqué mes barons.
« Vous êtes, cher sire, le plus haut, le plus gentil homme de nous deux ; vous êtes le droit héritier d’un roi, et je ne suis que le fils d’un prince portant couronne. Puisque vous m’avez reçu pour compagnon, nous ne devons pas avoir seigneurie l’un sur l’autre ; tout