barons et ne fut pas averti de ce qui causait l’émotion générale. Mais la reine avait vu du haut de la bretèche Meléagan frapper Lancelot, le cœur lui avait manqué ; elle était tombée, et son front avait heurté contre les barreaux de la fenêtre, avant que la dame de Malehaut eût le temps de la retenir.
Le roi, inquiet de la blessure de Lancelot, vint des premiers le visiter ; il se rendit ensuite près de la reine qu’il trouva la tête cachée sous un bandeau : « Qu’avez-vous, dame, lui dit-il, et que vous est-il arrivé ? — Sire, quand on vint me dire que Lancelot était navré, j’avançai la tête en dehors de la fenêtre, et je me suis blessée en me retirant. — Lancelot, reprit Artus, désire que Galehaut ignore ce qui est arrivé ; les mires lui recommandent un repos absolu. Le meilleur moyen serait de le garder dans votre chambre où vous le feriez bien panser ; le voulez-vous ? — Assurément, Sire, puisque vous le désirez. »
Lancelot fut transporté près de la reine, et nous devinons qu’il y fut assez bien traité pour ne pas trop regretter sa blessure. Les mires avaient reconnu la plaie profonde ; elle ne se ferma qu’au bout de vingt et un jours. Galehaut croyait que son ami avait fait courir le faux bruit d’une blessure, pour avoir un moyen de