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lancelot du lac.

étendu dans un pré ; devant lui un grand chevalier qui le somme de se rendre s’il tient à la vie. Il ne répond rien et se redresse à genoux. D’un coup fortement asséné sur le heaume, le chevalier le fait retomber, pose un pied sur sa poitrine, lui arrache le heaume et lui répète qu’il est mort s’il ne fiance prison. Le duc se tait ; quatre sergents alors le prennent, le désarment et l’emportent dans un jardin où se trouvaient grand nombre de chevaliers. « Ce chevalier, leur demande-t-on, est-il mort ? — Non, mais peu s’en faut ; et maudite soit l’heure où cette prison fut établie ! » Enfin le duc revient de pâmoison ; chacun le reconforte et le console du mieux qu’il peut.

Il apprit alors à ceux qui l’entouraient qu’il était Galeschin duc de Clarence, fils du roi Tradelinan de Norgalles et compagnon[1] de la Table ronde. Ceux qui le connaissaient eurent à la fois grande joie et grande douleur de

  1. Il faut toujours dire compagnons et non pas chevaliers de la Table ronde. Ce titre de chevalier avait un sens absolu. On devenait chevalier comme on naissait noble ou gentilhomme. Les Templiers institués en Syrie au commencement du xiie siècle furent je crois les premiers qui formèrent un ordre particulier de chevalerie. Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem suivirent leur exemple : puis vinrent au xive siècle les chevaliers de la Jarretière et tous les autres à la suite.