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lancelot du lac.

LXXV.



On se souvient qu’en se séparant de ses deux compagnons dans la forêt de Varenne, mess. Yvain avait lui-même choisi le chemin de gauche. Il chevaucha jusqu’à basses vêpres sans trouver aventure ; mais la nuit tombante, il fit rencontre d’une litière que traînaient deux palefrois. Une demoiselle vêtue de noir l’occupait, le visage découvert, la main appuyée sur sa joue. On aurait loué sa beauté, si les pleurs dont son visage était inondé eussent permis d’en bien juger. Sept écuyers escortaient sa litière, et devant la dame était placé un grand coffre dans lequel gisait un chevalier navré de nombreuses plaies.

Mess. Yvain salua la demoiselle. « Dieu vous bénisse, répond-elle sans le regarder. — Demoiselle, vous plairait-il m’apprendre ce que peut contenir ce coffre ? — Ne le demandez pas ; ou du moins sachez qu’on ne le découvrira pas sans recueillir honneur ou honte. Il contient un chevalier navré ; jusqu’à présent tous ceux qui essayèrent de l’en tirer ont fait de vains efforts. Si jamais quelqu’un y parvient, ce sera après avoir