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lancelot du lac.

Morgain ne douta plus que l’anneau ne fût un don de la reine. Elle l’eût même pu reconnaître, si Lancelot lui eût permis de le regarder de près. Il était petit ! et les deux figures étaient taillées sur une pierre noire.

Quand elle n’espéra plus de l’obtenir de plein gré : « Je vous laisserai donc aller, dit-elle, sans autre gage que votre parole : une fois messire Gauvain délivré, vous me reviendrez, et dès que vous en serez sommé. »

Elle fit ouvrir aussitôt la geôle, et le conduisit devant une table bien servie. Les nappes levées, il trouva son cheval ensellé. Quand il voulut prendre congé : « Beau sire, lui dit-elle, je mets sous votre garde une de mes pucelles ; elle connaît bien les meilleurs et les plus courts chemins. Vous n’avez pas à perdre un instant pour arriver à la Tour douloureuse. — Grands mercis, dame ! je conduirai la demoiselle aussi loin qu’elle voudra. »

Morgain parle alors à voix basse à la plus belle de ses demoiselles, et lui fait monter un palefroi ; quatre valets les accompagnent, chargés d’un petit pavillon qu’ils doivent tendre quand ils auront besoin d’arrêter.

Les voilà chevauchant du même pas, Lancelot et la demoiselle, elle l’entretient et cherche par son enjouement à lui faire oublier les heures. Elle rit, conte, et çà et là glisse des pensées