Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 4.djvu/311

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
303
la demoiselle de morgain.

tre pour vous plus de courtoisie que vous n’en avez pour moi : toutes vos paroles me déplaisent. Pour en finir, je vous donne le choix de deux partis : vous viendrez avec moi et vous ne direz plus rien de pareil ou vous irez seule et me laisserez suivre mon chemin. — Fort bien ! mais je ne vous tiens pas quitte ; vous avez promis de me conduire. Si vous ne le voulez, dites-le moi ; je retournerai vers ma dame et lui annoncerai que vous avez failli à votre engagement en refusant de m’accompagner jusqu’à la fin. » Lancelot hésite un instant : les propos de la demoiselle lui causaient un mortel ennui, mais il s’était engagé à la garder. Il lui répond : « Si vous êtes vilaine envers moi, je ne vous imiterai pas. Dites ce qu’il vous plaira, je continuerai à vous conduire. »

Ainsi chevauchent-ils jusqu’aux heures de vêpres sans ouvrir la bouche, si ce n’est pour demander la voie. La demoiselle rompt encore le silence la première : « Chevalier, vous paraissez oublier qu’il serait temps de gagner un gîte. — Cela vous regarde, demoiselle, je m’en remets sur vous : c’est pour m’indiquer le meilleur chemin et pourvoir aux incidents du voyage que votre dame vous a confiée à moi ; en revanche, je dois vous garder envers et contre tous. — Eh bien j’en-