Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 4.djvu/342

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
334
lancelot du lac.

ce pressant besoin. — Non, répond Galehaut. J’aurais honte de te donner la colée pour un tel motif. Je t’armerai plus tard et avec plus d’honneur ; tu vas voir si j’ai besoin d’aide. » En effet, de son premier coup, il abat celui qui le tenait de plus court ; il passe son épée dans la gorge du second ; il en affronte quatre ensemble, puis six, puis dix qui, l’un après l’autre, vident les arçons. Enfin un des derniers venus profite du moment où il levait le bras, frappe sur son haubert et passe le fer tranchant entre ses deux mamelles. Galehaut resta ferme sur les arçons et, plus irrité par le sang qui sortait de sa blessure, il arrache le fer de lance retenu dans les mailles, brandit sa bonne épée et fait voler la tête de celui qui l’avait percé. Il tenait les autres en respect, quand le vieux vavasseur admirant sa prouesse paraît au milieu des assaillants et leur fait poser les armes : « À la male heure soit le glorieux écu, dit-il, s’il cause la mort d’un aussi preux vassal ! »

Ils s’arrêtent ; Galehaut se fait désarmer et bander sa plaie. Le vavasseur l’ayant conjuré de dire son nom : « On m’appelle Galehaut. — Galehaut, grand Dieu ! Que ne suis-je mort avant d’avoir vu navrer le meilleur des bons, le preux des preux ! Pour Dieu ! sire, veuillez attendre dans le château que votre