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visite de la dame du lac.

suis, bien que j’aie pris pour me conduire son frère ; si je tardais à revenir, il se courroucerait, et l’on doit se garder de courroucer celui qu’on aime, de qui l’on attend toutes les joies, et pour lequel on donnerait le monde. »

La dame du lac en prenant congé laissait la reine Genièvre plus joyeuse qu’elle n’avait été depuis longtemps ; grâce à l’espoir de la guérison de Lancelot. Elle s’approcha de lui, en prenant garde de ne pas hâter le moment de son réveil. Lancelot ouvrit enfin les yeux, en exhalant une faible plainte. « Doux ami, dit la reine, comment vous sentez-vous ? — Bien ; mais d’où vient que je suis faible ? Prenez confiance, ami, bientôt serez-vous en santé. » Elle fait préparer un bain pour lui ; jamais malade ne fut entouré de soins plus tendres. En peu de jours les forces lui reviennent ; il retrouve sa première vigueur, sa première beauté. Mais il est grandement émerveillé de ce qu’il entend dire de sa frénésie qui lui faisait méconnaître tous ceux qui l’entouraient, hors la reine et celle qui avait pris soin de ses premières années. « Sans la Dame du lac, lui disait la reine, vous ne seriez pas guéri. — Je me souviens bien, répondait-il, de l’avoir vue : seulement je croyais que c’était en rêve. Mais vous, chère dame, pourrez--