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retour en sorelois.

LX.



Nous savons par le sage Tamide de Vienne, — celui de tous les clercs du roi Artus qui a le plus raconté des bontés de Galehaut, — que nul chevalier de son temps ne le surpassait en largesse, valeur et puissance, à l’exception du roi Artus auquel il n’est permis de comparer personne. Il aurait tenté la conquête du monde, si Lancelot en se rendant maître de ses pensées, ne l’eût décidé à servir le roi Artus. « Le cœur d’un prud’homme, lui avait-il dit, est une richesse bien préférable à la possession des terres et des royaumes. » À compter de là, Galehaut ne vécut plus que pour Lancelot ; car son amour pour la dame de Malehaut lui était venu du désir de seconder celui de son compain pour la reine Genièvre. Il avait vu avec douleur Lancelot entrer dans la maison du roi ; mais en l’éloignant de la cour, il savait qu’il lui faisait violence. De son côté, Lancelot cachait ses ennuis pour ne pas augmenter ceux de Galehaut ; si bien qu’ils chevauchèrent longtemps en évitant de se parler.

Avant d’entrer en Sorelois, ils passèrent la nuit dans un château du duc d’Estrans, nommé