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Page:Paris, ou, Le livre des cent-et-un, IV.djvu/247

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LES TROIS LECTURES.

pour l’entendre ; c’était à qui montrerait le plus d’impatience, et M. Prévannes eut peine à obtenir deux jours pour donner au fumiste le temps de mettre sa chambre à un degré de température supportable.

À peine Amaury fut-il rappelé dans la salle par le bruit des applaudissements qu’on accorde toujours aux beaux vers de M. Soumet, que ses amis, restés dans le foyer, se mirent à discourir sur le jeune talent qu’ils venaient de flatter.

— « Un drame en cinq actes et en vers ! disait l’un ; cela me paraît bien fort pour ce pauvre Amaury ! Parce qu’il a fait quelques jolis articles dans les journaux, il croit pouvoir tout entreprendre ; mais il verra la différence qu’il y a entre la facilité d’amuser des badauds qui déjeunent à la fourchette, et le talent d’intéresser un parterre qui a mal dîné.

— « Ils sont tous comme cela, disait le seul classique du groupe ; ils prennent le dédain pour de l’inspiration, et se croient plus de talent que nos vieux tragiques, parce qu’ils font bien rimer des mots qui vont mal ensemble.

— « J’ai dans l’idée que ce sera ennuyeux à périr, dit Gabriel ; mais n’importe, nous aurons des huîtres et du vin de Champagne : cela nous maintiendra éveillés pendant deux actes ; le troi-