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FRANÇOIS VILLON.

besoin de renouveler leur répertoire un peu suranné, et Arnoul Greban avait composé pour eux, vers 1450, son grand mystère de la Passion, qui eut vite un immense succès et se répandit par toute la France. Nul doute que Villon ne l’ait vu représenter plus d’une fois, et n’ait également entendu, si même il n’y prenait pas une part active, les miracles des diverses confréries, les moralités et farces des écoliers et basochiens, les soties du « prince des sots », dont il parle à plusieurs endroits. Parmi les industries que mènent, pour gagner l’argent voué d’avance à passer « aux tavernes et aux filles », les « enfants perdus » auxquels il adresse une de ses ballades, il n’oublie pas celle de faire

... es villes et es citez
Farces, jeux et moralitez,

et certes on peut croire que l’auteur du roman du Pet au Diable, des Lais, du Testament et des ballades ne s’y était pas épargné. On a souvent été tenté de lui attribuer l’un ou l’autre des deux chefs-d’œuvre de notre ancien théâtre comique, la farce de Patelin et le monologue du Franc Archer de Bagnolet, composés l’un et l’autre peu d’années après le dernier exil de Villon ; mais le style de Patelin ne ressemble pas au sien ; on retrouverait mieux son allure dans le Franc Archer, où reparaissent même quelques-unes de ses plaisanteries, mais cela prouve seulement que l’auteur inconnu avait lu ses poèmes ou simplement appartenait au même milieu que lui. Rabelais, on l’a vu, attribue à Villon une Passion en poitevin : ce serait son dernier ouvrage, perdu pour nous comme son premier