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FRANÇOIS VILLON.

Mais quoi ? je n’y comprens en riens
Ce que je pourrai acquérir !

Il se compromet moins encore en léguant « une poignée » de ses biens, qu’il prise à quatre blancs, et il ajoute avec un regard attendri pour les trois « petits enfants tout nus, pauvres orphelins dépourvus », auxquels il a fait ce don magnifique (on se rappelle que c’étaient de vieux usuriers) :

Ils mangeront maint bon morceau,
Les enfants, quant je serai vieux !

En attendant il « ordonne » qu’ils soient pourvus de tout.

Au moins pour passer cest hiver.


A ses deux autres « pauvres clercs » il assigne un cens « sur la maison de Guillot Gueuldry ». En maint endroit il parle en grand seigneur, en chevalier, laissant à l’un trois chiens, à l’autre six, à celui-ci son « branc » (qui, il est vrai, est en gage), à celui-là son haubert, ou bien ses gants et sa huque de soie[1] à d’autres ses bonnets, ses chausses, son diamant ; puis tout à coup le bohème reparaît quand il lègue à Robert Valée ses « braies », qui sont retenues pour

  1. Il lègue encore bien d’autres choses à son ami Jaquet Cardon dans des vers où étincelle son humour :

    Le glan aussi d’une saussoie (plantation de saules)
    Et tous les jours une grasse oie.
    Et un chapon de haute graisse,
    Dix muis de vin blanc comme croie (craie),
    Et deux procès, que trop n’engraisse.

    Quelle sage précaution, après lui avoir fait une vie si plantureuse ! et quel expédient sûr pour combattre l’obésité !