Page:Paris - François Villon, 1901.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
6
PREFACE

et souplesse d'esprit qui vous font mener rapidement à bonne fin tout ce que vous entreprenez. Puis, il y a une dizaine d'années, j'avais émis sur la vie de Villon une vue qui contredisait celle de son savant et pénétrant biographe. Celui-ci avait défendu son opinion par des arguments de fait qui semblaient irréfutables, et j'appuyais la mienne d’arguments d’ordre moral qui me paraissaient non moins probants. Ne pouvant ni contredire les premiers ni renoncer aux seconds, je ne voyais pas le moyen d’écrire une vie de Villon qui me satisfit. Des découvertes imprévues sont venues apporter à ma thèse une confirmation éclatante, et je n’ai pu dès lors me refuser à tenir un engagement que votre amitié ne se lassait pas de me rappeler.

Voici donc le Villon promis il y a seize ans. Il doit tout ce qu'il a de bon à ceux qui m’ont précédé, et je me fais un devoir de le reconnaître. Il aidera peut-être à comprendre et à goûter un poète qu'on n’ose pas en général aborder et qui attache quand on s'est approché de lui. Tel qu'il est, je vous le dédie, et c'est justice, car sans vous il n’existerait pas. Je souhaite qu’il ne déçoive pas trop votre attente, et je suis heureux qu’il témoigne publiquement d’une amitié que, depuis le temps déjà lointain où elle s’est formée, je regarde comme une des meilleures fortunes de ma vie.


Gaston Paris.


Collège de France, 13 février 1901.