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FRANÇOIS VILLON.

Cayeux, à Montpipeau, situé à trois lieues de Meun, et Colin, sur lequel pesaient de nombreuses condamnations, et qu’on avait à cause de cela refusé de rendre à la justice épiscopale, avait été pendu. Villon avait peut-être accompagné son camarade dans cette équipée, et, plus heureux que lui, s’était échappé de la bagarre, puis, n’ayant pas de ressources, avait eu recours, pour s’en procurer, à un procédé qui ne lui était que trop familier, le vol, et s’était fait prendre à Baccon, mais sans que l’on sût ses relations avec Colin.

Quoi qu’il en soit, il passa de tristes mois « en la dure prison de Meun », seul dans son cachot étroit et sombre, les pieds ferrés dans un cep, nourri seulement de pain et d’eau. Il voua à l’évêque d’Orléans, auquel sans doute il avait en vain demandé quelque allégement, une âpre rancune, qu’il exhala, une fois délivré, dans des strophes où il mit toute sa verve :

Peu m’a[1] d’une petite miche
Et de froide eau, tout un esté ;
Large ou estroit, mout me fut chiche :
Tel lui soit Dieu qu’il m’a esté !

« Mais, se fait-il objecter, l’Écriture veut qu’on prie pour ses ennemis. — Soit : je dirai pour lui le verset 7 du psaume CVIII. » Cherchez ce verset au Psautier, et vous y trouverez cette « prière » : Fiant dies ejus pauci, et episcopatum ejus accipiat alter.

Il revient encore à cet évêque peu pitoyable, qu’il nomme « Taque Thibaut » en souvenir d’un

  1. Il m’a nourri.