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FRANÇOIS VILLON.

caractère : elles font partie de recueils composites, formés par ou pour des amateurs, comme nous en avons tant pour la poésie du XVe siècle. Les poètes familiers avec les grands faisaient exécuter de beaux exemplaires de leurs œuvres, qu’ils offraient à leurs protecteurs et qui leur étaient d’ordinaire richement payés : ni le genre de vie de maître François, ni ses relations, ni le caractère même de son œuvre, ne nous engagent à penser qu’il ait fait de même[1] ; aussi ne trouvons-nous pas ses poèmes dans les « librairies » royales ou seigneuriales du temps. En revanche, ils circulèrent beaucoup oralement : il n’y a pas lieu de révoquer en doute le témoignage de Marot, assurant que de son temps il se trouvait des vieillards qui les savaient par cœur sans les avoir lues dans les imprimés.

C’est en 1489 que le libraire Pierre Levet en donna la première édition[2], soit d’après un manuscrit unique (différent de ceux que nous connaissons), soit, ce qui est plus probable, d’après diverses copies. Cette édition est très fautive et, dans le « Grand Testament », mais surtout dans le « Petit ». présente de graves omissions. Elle comprend quatre parties, dont l’ordre est singulier et dû visiblement au hasard des rencontres : 1° le « Grand Testament » ; 2° les pièces relatives à la condamnation

  1. Il faut cependant noter qu’il dit expressément (voir ci-dessus, p. 136, n. ) envoyer ses « sornettes » au « sénéchal » ; mais ce n’était sans doute pas un grand seigneur.
  2. Il est toutefois très possible que cette édition, la plus ancienne qui nous soit parvenue, ne soit pas en réalité la première.