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FRANÇOIS VILLON.

dans le milieu auquel il était destiné : on le désigna sous le nom de Testament, — qu’il ne lui avait pas donné et qu’il réserve à son second poème[1], — et dans celui-ci le poète suppose le premier connu de ses lecteurs. Le Testament ne put manquer de faire une sensation plus grande encore dans le monde parisien, tant par le talent si frappant et si varié qui s’y déploie que par les nombreux traits personnels et les allusions plaisantes ou malignes à l’adresse d’une foule de gens connus. Nous n’avons cependant conserve aucune trace de l’impression produite par cette œuvre éblouissante, et nous ne savons même pas si, en 1463, quand la vie de Villon se trouva dépendre de la clémence du Parlement, le talent du poète pesa de quelque poids dans la balance. Jusqu’à la fin du XVe siècle nous ne trouvons aucune mention de notre poète. C’était une mode, à cette époque, de dresser des listes de bons « facteurs  » : le nom de Villon ne figure dans aucune. Il semble bien que sa poésie était considérée comme étrangère à la littérature proprement dite, à la « rhétorique solennelle » dont les coryphées regardaient du haut de leur grandeur un rimeur aussi trivial, aussi sincère, aussi peu artificiel, qui ne se servait pas des allégories et des prosopopées à la mode. Cette poésie dédaignée continuait cependant à être extrêmement goûtée du public, comme l’atteste le nombre des éditions publiées

  1. Des quatre copies qui nous ont conservé le poème de 1456, l’une l’appelle en effet Lais, l’autre Testament ; les deux autres, où il précède le poème de 1461, l’appellent l’une le Petit Testament, l’autre le Premier Testament. Le titre de Petit Testament, adopté par le premier éditeur, a prévalu.