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LE SUCCÈS.

langage, — les « mêlées et longues parenthèses » dans lesquelles il lui arrive de s’embarrasser. Enfin il reconnaît qui ! lui doit beaucoup. Je me suis, dit-il, volontiers soumis au travail dont cette édition est le fruit « en récompense de ce que je puis avoir appris de lui en lisant ses œuvres ». Cette appréciation méritait dé Ire citée presque entière : elle fait de toutes façons honneur au gentil poète de Cahors.

Rabelais n’en a pas donné une semblable ; mais on voit en le lisant à quel point il était pénétré de Villon. Il avait formé son génie dans un milieu semblable à celui où avait vécu et pour lequel avait écrit le poète parisien. Il y avait recueilli des anecdotes, d’ailleurs suspectes, sur le héros des Repues franches, auquel il a certainement songé en dessinant ce Panurge qui « allait du pied comme un chat maigre », et qui, ayant tant de manières de se procurer de l’argent, en avait tant de le dépenser, sans compter « la réparation de dessous le nez ». Il cite des vers de Villon à maintes reprises, et on peut être sûr qu’il le savait par cœur.

Rabelais, malgré la grande part que l’humanisme a dans son œuvre, appartient encore par bien des côtés au moyen âge, et Marot s’y rattache de plus près encore. Avec l’avènement de la Pléiade, une rupture complète se fait : en un moment Villon a reculé dans un lointain où il disparaît. On a vu plus haut — trait vraiment significatif — que les éditions s’arrêtent brusquement en 1542. Les érudits de l’école s’intéressent encore à l’œuvre de Villon comme à une antiquité ; mais s’ils le jugent, c’est en