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FRANÇOIS VILLON.

on ne laisse pas d’y trouver beaucoup de réflexions sérieuses et solides. » L’école philosophique a formulé par la plume de Daunou un jugement plus complet et plus pénétrant ; pour n’avoir été exprimé qu’en 1832, il n'en appartient pas moins encore au XVIIIe siècle : « Villon, dit Daunou, fait époque dans l’histoire de la poésie française Il ne demeure point enterré dans le genre érotique, dans les limites étroites de la galanterie chevaleresque… Tout ce qui est resté intelligible dans ses deux Testaments intéresse par l’originalité des idées et par la vivacité de l’expression, par le caractère naïf et ingénieux du style… Son grand mérite est de n’être jamais prosaïque. »

Notre siècle devait rendre à Villon plus pleine justice encore, et mieux démêler ce qui fait sa véritable originalité. Déjà sous la Restauration, dès le premier éveil du romantisme, Villemain, Sainte-Beuve (avec des réserves), Saint-Marc-Girardin, bientôt après, et plus nettement, Philarète Chasles, signalaient quelques-unes de ses qualités maîtresses, « son libre génie », « sa raillerie amère et sa poignante gaieté », les dons « qui lui appartenaient en propre et que nulle influence étrangère n’avait modifiés ». Mais c’est en Théophile Gautier que l’admiration de l’école romantique pour Villon trouva son véritable, éloquent et excellent interprète (1832). Gautier a parfaitement saisi et rendu la physionomie si étrangement attirante du poète, son sourire mêlé de larmes, la profondeur de sa « mélancolie désespérée », les éclats de gaieté de sa verve écolière, la misère de sa jeunesse famélique et débauchée, le relief et la nouveauté de